Après le rendez-vous au cimetière, Erzebeth se rendit à la Taverne, peinée. La déception l'avait assaillit. Azazel n'avait dit mot. Elle pensait qu'il serait content de la revoir, comme elle l'était. Erzebeth secoua la tête, honteuse de ses pensées. Roger la regardait, pendant qu'elle nettoyait pour la troisième fois la table où Azazel avait pris son repas. Elle soupira encore.
"- Alors ma belle, tu t'es épris du Héros ?"
Erzebeth sursauta, se tournant vers son patron :
"- Non ! Pas du tout, je ne le connais pas."
Roger sourit, accoudé au bar.
"- Je vous ai vu dans le cimetière. A mon humble avis, tu ne le laisses pas indifférent. Seulement, son armure est dure à percée."
La jeune fille jeta son chiffon sur la table, puis regarda Roger :
"- Je vais me coucher. Bonne nuit..."
Le tavernier posa sa main sur son épaule :
"- Ne t'en fais pas belle enfant. Passe une bonne nuit."
Erzebeth parti vers l'escalier, prenant son capuchon posé sur la première marche avant de monter. Arrivée en haut, elle regarda la porte de la chambre d'Azazel, hésitant à pénétrer pour lui tenir compagnie. Elle se résigna, détournant la tête. Elle ouvrit la porte de sa chambre sombre puis y entra. La jeune fille se posa en face de la fenêtre, sur son lit, regardant mélancoliquement les étoiles en soupirant "Azazel...". Elle enleva ses vêtements puis se glissa sous sa couverture. Le sommeil ne tarda pas à prendre la belle jeune fille.
Erzebeth se réveilla lentement, avant de se rendre compte de son retard. Elle se précipita dans sa bassine pour se laver. L'eau était glacée, mais la jeune fille se frotta énergiquement malgré tout. Elle prit sa serviette, s'essuya et attrapa sa tenue de serveuse. La belle enfant s'habilla et dévala l'escalier pour prendre sa place en cuisine. Sur le chemin, elle croisa Roger, qui lui fit un sourire comme à son habitude. Le tavernier lui donna la liste des repas de la matinée. Erzebeth se mit au travail, gênée par un bruit venant de dehors, elle passa sa tête par la fenêtre. Le bruit venait du château. Sur les remparts de ce dernier, elle vit quelque chose qui escaladait les murs. La jeune fille eu un sursaut quand elle reconnu ces créatures : des Orcs. Erzebeth jeta son tablier et traversa la taverne puis la ville en courant. Arrivée aux portes du château, elle se fit dicrète, regardant comment elle pouvait entrer dans le batiment sans se faire repérer par ces sales Orcs. Erzebeth repéra une fenêtre non gardée, elle s'en approcha et y pénétra. Elle fut choquée par le calme qui reignait, découvrant des cadavres de soldats et de serviteurs éventrés, torturés, éviscérés. Du sang tapissait les murs autant que le sol, recouvrant les blasons de la ville. Le calme fut interrompu par des cris d'agonies et des bruits de combats. D'un pas vif, elle se dirigea vers la source de ce vacarme. La jeune fille gravit l'escalier et se trouva face à face avec un énorme orc, armé d'une hache à deux mains, couverte de sang. A ses pieds, trois hommes agonisaient, la gorge tranchée. L'Orc grogna, brandissant sa hache au dessus de son casque, puis commença à charger en direction d'Erzebeth. Celle-ci eu le réflexe d'attraper sa dague, qu'elle planta dans l'oeil de son adversaire. L'Orc recula, s'écroulant en arrière, sa hache dressée perfora son dos, ressortant de sa poitrine, dans une éclaboussure de sang. Erzebeth n'eu pas le temps de souffler, qu'un énorme boucan se fit entendre, venant de la salle du trône. Elle s'y rendit en vitesse, passant entre les portes déchiquetées, avant de stopper net. Erzebeth aperçut Azazel et un homme âgé se battre contre des trombes d'Orcs. Les deux hommes essayaient de protéger la salle derrière le trône. Les Orcs s'en approchaient dangereusement. La jeune fille poussa un cri aigü, voulant dans ce geste attirer l'attention de la troupe. Beaucoup d'Orcs tournèrent la tête vers elle, chargeant comme des bêtes. Erzebeth vit une boule de feu percuter l'énorme lustre qui tomba sur la Horde Orc dans un vacarme insoutenable. Elle saisit une masse d'arme dans les mains d'un Orc mort, puis se précipita vers le groupe restant. Elle jeta son arme sur le premier ennemi venu, lui arrachant la machoire au passage. Le reste de l'armée, prise entre deux feux, fut rapidement évincée. Erzebeth se laissa tomber contre un mur, essoufflée, tandis qu'Azazel et le vieillard épuisés s'écroulèrent sur le sol. C'est alors que le roi sorti d'une tenture à moitié brûlée :
"- Quel combat ! A vous trois, vous vallez bien plus que dix de mes hommes ! Vous avez sauvé mes biens les plus précieux, vous méritez une récompense ! Que pensez-vous d'une soirée festive ?"
Les trois combattants se regardèrent, hébêtés. Le roi poursuivit :
"- Je vais de ce pas organiser une somptueuse cérémonie en votre honneur."
Erzebeth se leva, tronquant :
"- Attendez Sir ! Sauf votre respect, vous ne pensez pas que l'on mérite plus qu'une banale petite sauterie ?
- Certes, certes... Vous passerez donc tout les trois une nuit dans les plus belles chambres du château !"
Le vieil homme se remit debout, se dirigeant vers le roi :
"- Messire, ce jeune homme ici présent a déjà sauvé plusieurs fois le village d'invasions Orcs. Il a terrassé Xur dans la Taverne de Roger l'autre matin, puis il est parti tuer le dernier chef Orc dans leur camp, et maintenant il a risqué sa vie pour vous maintenir en vie ! Je pense aussi qu'il mérite bien plus qu'une simple fête."
Le roi se gratta la barbe, réfléchissant pendant de longues minutes. Il prit finalement la parole :
"- Tu as raison Elmar, ta position de mage le plus puissant de la vallée m'oblige à céder à tes avances. Je vais donc te demander de les inscrire tout les deux sur le registre des Héros. Pendant ce temps, je vais remplir deux bourses de mille pièces d'or, pour remercier ces jeunes gens de leur bravoure exceptionelle. Je vais immédiatement envoyer un ménestrel en ville pour conter vos exploits et annoncer la cérémonie. Maintenant, veuillez prendre congé. J'ai du travail qui m'attend. A ce soir !"
Sur ces mots, le roi parti précipitamment dans la pièce du fond. Les trois personnages sortirent du château, puis se dirigèrent vers la Guilde, sans un mot. A l'intérieur, Elmar saisit son registre, s'installa confortablement dans le fauteuil puis s'adressa à la jeune fille :
"- Quel est ton nom jeune fille, que je t'inscrive dans le registre des Héros, tout comme ton compagnon.
- Pardonnez-moi mais, à quoi sert ce registre ?
- J'y consigne tout vos haut-faits, pour que les générations futures puissent se souvenir de tout ce qui s'est produit dans ce village, et des noms des plus grands Héros.
- Combien de Héros sont inscrits dans ce registre ?
- A part vous deux, depuis que je tiens ce registre, il n'y a ... Euh ... Personne."
Elmar poussa un petit rire rauque, et réitéra sa question :
"- Et bien, comment t'apelles-tu ?
- Erzebeth." Répondit sèchement la jeune fille. "Et je n'aime pas que l'on m'espionne."
Le vieil homme pouffa, écrivant son nom dans le registre, puis il tendit les deux bourses aux jeunes gens.
"- Comme promis, voici votre dû. Faites-en bonne usage, n'enrichissez pas trop Roger, il pourrait devenir ambitieux, je le connais bien.", Elmar ricana encore. "Bien, alors, à ce soir à la fête !"
Azazel et Erzebeth partirent en direction de la Taverne. En chemin, Azazel prit la parole :
"- Si vous le désirez, je peux vous offrir un verre.
- Avec plaisir, ce combat m'a épuisée."
Azazel esquissa un sourire qu'Erzebeth aperçu, elle lui répondit par un petit rictus timide. Arrivés à la Taverne, Roger les accueillit à bras ouverts :
"- Dans mes bras, mes Héros !"
Erzebeth regarda Roger
"- Calme toi Roger, ce n'était rien.
- Tu plaisantes ma belle, vas voir le charnier au cimetière et reviens me dire ça ensuite !"
Azazel coupa la parole à Roger :
"- Ce n'est pas quelques petits Orcs qui vont nous faire peur" dit-il en prenant Erzebeth par la taille "Amènes-nous ta meilleure cuvée !" Il emmena Erzebeth à la table la plus propre de la Taverne. Azazel ne sachant que dire, resta muet. La jeune fille en fit autant. Roger interrompu leurs pensées
"- Une chopine pour les amoureux !"
Les deux Héros rougirent, n'osant plus se regarder. Roger poursuivit :
"- Erzebeth, tu es libre pour aujourd'hui. Ma femme va s'occuper de ton travail, et ma fille fera le service. Allez vous reposer, je m'occupe de tout !" Il murmura dans l'oreille de la jeune fille "J'ai préparé un grand lit pour vous dans sa chambre" Roger lui fit un clin d'oeil avant de retourner derrière le bar.
Les deux jeunes gens buvèrent leurs chopines et montèrent à l'étage pour se reposer. Erzebeth accompagna Azazel jusqu'à sa chambre, quand il ouvrit la porte, il fut surpris en voyant un grand lit. Il se retourna vivement vers Erzebeth :
"- Qu'est ce que ça veut dire ?! Pourquoi mon lit à il été remplacé par ce grotesque objet ?"
La jeune demoiselle resta choquée devant la réaction d'Azazel, ne sachant que dire. Il continua :
"- Vous organisiez tout ça depuis le début ! Je n'accepterais pas que vous dormiez encore une fois à mes côtés, c'en est assez !"
Le bel homme claqua la porte au nez d'Erzebeth, glacée. Azazel s'installa calmement dans le grand lit, se demandant pourquoi il lui fallait repousser celle qui hantait ses pensées chaque jour. Erzebeth resta quelques instants devant sa porte, perturbée. Elle couru vers sa chambre, ouvrit brusquement la porte et la ferma avec colère et désaroi. Elle s'effondra sur son lit, retenant ses cris de tristesse, laissant par ailleurs ses larmes couler à flots, maudissant le jour où elle avait rencontré cet homme.